Les Centres de planification et d’éducation familiale : cinquante ans d’évolution, de la contraception des mères à la santé sexuelle des jeunes
Un article de Valérie Ledour paru dans Enfance & Psy n°77 (2018)
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"Une longue histoire législative et sociétale
Le 19 décembre 1967, le député Lucien Neuwirth fit adopter par l’Assemblée nationale une loi autorisant la vente et l’usage des méthodes anticonceptionnelles en France. Cet ancien résistant avait dû batailler ferme auprès du Général de Gaulle, alors président de la République, pour être autorisé à présenter ce projet de loi. À l’image de la société française, la classe politique était divisée : la majorité gaulliste était violemment hostile. La députée Marie-Claude Vaillant-Couturier, camarade de résistance de Lucien Neuwirth, convainquit ses collègues communistes et permit le vote de la loi.
En 1967, la dépénalisation de la contraception fut une des premières demandes portées par les luttes féministes. Depuis 1920, la loi réprimait la provocation à l’avortement et la propagande anticonceptionnelle. Ces mesures étaient socialement acceptables dans le contexte nataliste de l’après-guerre. Quelques mois avant les évènements de mai 1968, c’était toute une nouvelle génération avide de liberté qui revendiquait le droit de maîtriser sa fécondité et de dissocier sexualité et procréation. Les résistances étaient pourtant encore très importantes dans certaines classes d’âge et certains corps professionnels, notamment chez les médecins où les femmes étaient très peu nombreuses.
La loi parut au journal officiel le 28 décembre 1967 mais les textes d’application ne furent pris que le 24 avril 1972. Ils organisaient les moyens d’informer le public et de dispenser les méthodes contraceptives au travers de structures spécifiques : les établissements d’information, de consultation et de conseil familial (EICCF) et les centres de planification ou d’éducation familiale (CPEF). (...)"